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Plus de trois ans après la mort d’Ibrahima Bah dans un accident de moto à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) à proximité d’une opération policière, trois fonctionnaires ont été placés sous le statut de témoin assisté pour « homicide involontaire », a appris l’AFP ce lundi de source proche du dossier.
Un temps envisagée, la mise en examen du policier qui conduisait le fourgon n’a pas eu lieu. Ce fonctionnaire de 26 ans a été placé en décembre sous le statut intermédiaire de témoin assisté par un juge d’instruction de Pontoise, tout comme son chef de bord et une collègue qui se trouvait à l’arrière du véhicule, a précisé à l’AFP la source proche du dossier.
Une « avancée judiciaire insuffisante »
« Mes clients n’ont absolument pas voulu barrer la route de Monsieur Ibrahima Bah et n’ont pas non plus commis de faute de conduite causant directement ou indirectement l’accident, qui résulte d’une perte de contrôle individuelle de sa moto », a réagi leur avocat Louis Cailliez. Pour les conseils de la famille Bah, Mes Vincent Brengarth et William Bourdon, « il s’agit d’une avancée judiciaire importante mais encore insuffisante car les éléments du dossier doivent à notre sens justifier la mise en examen des fonctionnaires ».
Le 6 octobre 2019, cet équipage du groupe de sécurité de proximité de Sarcelles se rend à la cité des Bleuets de Villiers-le-Bel à 20 km au nord de Paris, en appui de collègues intervenus pour un refus d’obtempérer. Après quelques minutes de stationnement, ils décident de quitter les lieux. Derrière eux, Ibrahima Bah, habitant de Sarcelles âgé de 23 ans, casque visé sur la tête, arrive sur sa moto-cross, à environ 50 km/h d’après l’expertise cinétique. Le fourgon de police se déplace vers la droite. Ibrahima Bah se déporte, perd le contrôle de sa moto et percute un poteau. Il meurt 1 h 30 plus tard à l’hôpital. Le choc a été tellement violent que le massage cardiaque des policiers et secours n’a pas permis de le réanimer.
Des versions divergentes
Rassemblés dans le collectif « Justice pour Ibo », les proches de la victime, qu’ils décrivent comme un motard aguerri, s’interrogent sur le déroulé des événements. Une caméra de vidéosurveillance a filmé l’avant et l’après mais pas les quelques secondes de l’accident. Entre témoins visuels, policiers présents sur place et fonctionnaires impliqués, les versions divergent sur l’enchaînement des faits concomitants. Les policiers ont-ils commencé leur manœuvre avant ou après avoir entendu le vrombissement de la moto ?
L’enquête doit aussi déterminer si le positionnement du fourgon de police a laissé suffisamment d’espace pour les dépasser par la droite. Selon la source proche du dossier, l’équipage – qui assure avoir démarré avant d’entendre la moto – a expliqué au juge s’être arrêté entre « 1,5 et 2 mètres » du trottoir. Pour des témoins, aucun dépassement n’était possible : le fourgon bloquait la route, sa roue avant droite étant collée au trottoir. Les constatations techniques n’ont pas relevé d’impact entre la moto et le fourgon. Villiers-le-Bel avait été marquée par le décès en 2007 de deux adolescents dans la collision entre leur moto et une voiture de police.