Photo : Freepic
Le procès des hommes ayant participé à l’assassinat du policier qui a vécu à Romorantin (Loir-et-Cher) débute ce lundi 7 juin 2021. Thibault de Montbrial sera l’avocat de la famille.
Un peu plus de quatre ans se sont passés depuis l’assassinat du policier Xavier Jugelé le 20 avril 2017, à quelques jours de l’élection présidentielle, sur les Champs-Élysées à Paris. La victime, qui a vécu une partie de sa jeunesse à Romorantin (Loir-et-Cher), avait 37 ans quand Karim Cheurfi l’a abattue en tirant à la kalachnikov, avant d’être lui-même tué par les forces de police présentes. Cet attentat avait été revendiqué immédiatement par l’État islamique. Si l’auteur des tirs ne pourra jamais répondre de ses actes, le procès qui débute ce lundi 7 juin 2021 devant la Cour d’assises spéciale de Paris, et qui durera jusqu’au 18 juin, cherchera à faire la lumière sur la chaîne de responsabilités ayant mené au drame.Quatre accusés se présenteront : Nourredine A. pour association de malfaiteurs terroristes ; les trois autres, Yanis A., Mohamed B. et Médérik M., pour détention ou cession d’armes. Me Thibault de Montbrial, l’avocat médiatique qui a déjà plaidé dans de nombreuses affaires d’attentats terroristes (Charlie Hebdo, Thalys…), sera l’avocat de la famille de Xavier Jugelé.
Quel est l’état d’esprit des proches de Xavier Jugelé au début de ce procès, en sachant que le meurtrier ne pourra pas être jugé ?« L’intérêt de ce procès, c’est de démontrer l’importance des soutiens logistiques dans les actes de terrorisme. Au-delà des opérateurs eux-mêmes, leurs actes ne sont pas possibles sans une chaîne de gens qui contribuent plus ou moins directement, mais qui sont néanmoins indispensables à la réussite de l’acte. Aujourd’hui, on a une multiplication des enquêtes autour d’attentats, de projets ou d’associations de malfaiteurs, on se rend compte que le projet terroriste ne peut pas vivre sans un écosystème favorable autour de lui. Il y a beaucoup de gens en France qui n’ont pas forcément des velléités terroristes, mais qui vont considérer que la loyauté envers l’islamisme prime sur la loyauté envers la République française. »
Le principal accusé du procès ne pouvait pas ignorer que cette arme allait servir pour un attentat.
Me Thibault de Montbrial, avocat de la famille de Xavier Jugelé
C’est le cas dans cette affaire ?« Dans ce dossier, il n’y a rien de structuré, il n’y a pas de poursuites pour complicité. Mais on a des gens qui se connaissent bien, et qui, a minima, ne se posent pas de questions quand l’un d’eux cherche une kalachnikov, en sachant que celui-ci a déjà été poursuivi pour avoir tenté de tuer un policier et qu’il répète à qui veut bien l’entendre qu’il veut “ tuer des flics ”. Le principal accusé du procès ne pouvait pas ignorer que cette arme allait servir pour un attentat, même s’il ne connaissait pas le projet dans le détail. »
Un seul accusé est poursuivi pour association de malfaiteurs terroristes, pourquoi ?« À mon sens, il y aurait pu y en avoir un deuxième, qui s’en sort bien. Quant aux deux autres, on ne peut pas considérer qu’ils avaient conscience que l’arme allait être vendue à quelqu’un qui allait en faire un usage terroriste. Cela dit, ils n’ont pas été non plus d’une curiosité poussée ; participer à la vente d’une kalachnikov, ce n’est pas la même chose qu’acheter une bicyclette d’occasion ! »
Ce qui est important, c’est que la République française montre la fermeté de sa réponse juridique et judiciaire face à ceux qui veulent la déstabiliser.
Me Thibault de Montbrial, avocat de la famille de Xavier Jugelé
Qu’attendez-vous de ce procès ?« C’est une affaire qui a vraiment marqué les gens. Des années après, les parents, le frère et la sœur de Xavier sont extrêmement atteints par tout ce qu’il s’est passé. Le discours du compagnon de Xavier lors des obsèques a aussi marqué la France entière. Le fait qu’on s’en prenne à des policiers sur les Champs-Élysées juste avant une élection présidentielle, cela concourt à faire de cet attentat un moment particulier dans la vague qui touche la France depuis 2015. »
Que répondez-vous au père de Xavier Jugelé, Michel, qui avait dit en juillet 2020 : « Un procès ne nous apportera rien, ne soulagera en rien la douleur » (1) ?« Ce qui est important, c’est que la République française montre la fermeté de sa réponse juridique et judiciaire face à ceux qui veulent la déstabiliser. Il faut que chacun prenne conscience des réseaux logistiques autour des attaques terroristes. »