
COMPTE RENDU D’AUDIENCE – Depuis le début de l’instruction, et cela semble toujours être sa ligne de défense, Mohamed Hichem Medjdoub a assuré qu’il ne voulait pas tuer en fabriquant un engin au TATP et en y ajoutant de la mitraille.
«Un soldat du califat et un vrai»
Et l’avocate de souligner que l’accusé est « toujours imprégné de l’idéologie de l’hydre islamiste qui utilise le terrorisme comme l’un de ses modes opératoires ». Comme en témoigne « son comportement à l’audience qui prouve qu’il méprise cette justice de kouffars ». Pour Me Ragot, Mohamed Hichem Medjdoub est bien « un soldat du califat et un vrai ». Face à lui, les victimes doivent « être pleinement présentes et actives ».
Jeudi, ces victimes, ces « survivants », ces « rescapés », pour reprendre les mots de leurs conseils, ont également été au cœur des plaidoiries des autres avocats de la partie civile. Au passage, on a appris que l’État, la bêtise ou la maladie peuvent ajouter à la souffrance de l’attentat. L’État, quand on apprend, par la voix de Me Yves Hartemann, que le Fonds de Garantie des Victimes refuse d’intervenir pour une commerçante qui a vécu l’attentat en direct depuis sa boutique car « elle n’était pas sur les lieux ». La bêtise quand une victime d’origine algérienne, venue pour porter plainte, s’est entendue demander de façon brutale s’il était de la famille du terroriste. La maladie enfin quand on découvre dans la plaidoirie de Me Pierre-François Feltesse, que le jeune fils autiste d’un homme blessé ce jour-là a très mal vécu l’inquiétude renouvelée de son père à l’approche du procès.
Cette semaine de débats a d’ailleurs été marquée par l’enfance avec la présence, parmi les victimes, de plusieurs mineurs au moment des faits. Comme cette élève, âgée de dix ans et en CM1 à l’époque, représentée avec sa famille par Me Géraldine Berger-Stenger. Par ailleurs avocate de l’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT), Me Berger-Stenger déplore le refus par l’accusé d’un dialogue avec les victimes. En écho, Me Jean-Baptiste Mathieu, qui salue la tenue des débats, précise que ses clients voient ce silence « comme une forme de lâcheté » d’un homme « impassible, parfois moqueur, en tout cas distant ».
Cet homme « distant » personnifie la longue cohorte des djihadistes « inspirés » frappant depuis plus de dix ans. À l’issue des plaidoiries de parties civiles, on rapproche d’ailleurs deux chiffres confirmant que le terrorisme islamiste est devenu un phénomène de masse. Le premier a été cité jeudi par Me Ragot : la Fenvac accompagne aujourd’hui quelque 8000 victimes directes ou indirectes du terrorisme. Le second avait été rappelé lundi par un policier de la Sdat : dans les années 2010, près de 2000 islamistes ont rejoint ou ont tenté de rejoindre le djihad syro-irakien depuis la France.