Photo : Cabinet Montbrial & Associés
Deuxième jour ce lundi d’auditions des parties civiles au procès des attentats de Trèbes et Carcassonne où quatre personnes ont été tuées par le terroriste Radouane Lakdim. La mère du colonel Beltrame est venue témoigner à la barre avec son fils Damien.
À ce jour, 79 personnes se sont constituées parties civiles pour ce procès des attentats de Trèbes et Carcassonne (23 mars 2018). La cour d’assises a programmé deux journées entièrement dédiées à entendre les témoignages de certaines d’entre elles.
Familles de victimes tuées ou anciens salariés du Super U, chacun, chacune est venu raconter son épreuve. « J’avais trois choix, sombrer, me suicider, ou me battre. Pour mes filles, j’ai commencé une thérapie. Ça fait six ans que je me fais suivre« , raconte Nathalie Medvès, l’épouse du boucher tué.
Une étape importante pour les victimes
Le procès est une étape importante pour les victimes. « C’est toujours une épreuve mais il y a une vraie attente des familles, explique Éric Ménassi, maire de Trèbes. Une forme d’appréhension, une forme de soulagement. Cela fait partie du processus de deuil qui est indispensable. »
Cet après-midi, c’est au tour de Nicolle Beltrame, la mère d’Arnaud Beltrame, le gendarme tué par l’assaillant après avoir échangé sa place avec Julie, la caissière. Une déposition très courte, elle n’a pas souhaité s’étendre et répondre aux questions du président de la cour. « Arnaud a dû se dire: « je vais sauver la France », il y en a marre de ce laxisme. Arnaud ne s’est pas sacrifié, il a combattu le terrorisme. »
Le président Laurent Raviot propose alors à son fils Damien, frère cadet de 8 ans du militaire, de venir à la barre. Il hésite mais c’est Nicolle Beltrame qui l’y oblige: « Tu y vas ! »
Plus nuancé et plus calme, il s’est d’abord montré solidaire et respectueux de toutes les victimes. Il a ensuite parlé de son frère. « Moi, en tant que petit frère, ça me rassure qu’il se soit dressé face au terrorisme islamique pour défendre nos valeurs. Que justice soit faite et soit très dure pour que les prochains soient prévenus. » Le président de la cour le regarde: « La justice est un lourd fardeau. »
Le frère cadet poursuit. « Par contre, là où mon frère a gagné, c’est que des dizaines de personnes ont souhaité devenir gendarmes ou pompiers après son acte. Toutes ses personnes vont peut-être sauver des vies. »
« Les victimes se sentent entendues, elles ont parlé devant la justice et les accusés. Elles avaient besoin de dire surtout « qui j’étais avant l’attentat et voilà qui je suis maintenant. Ce que vous avez fait, voilà ce que ça a changé chez moi, » analyse Laure Legrand, chargée du suivi des victimes à l’Association française des victimes de terrorisme.
Le procès se poursuivra demain par l’audition de membres de la famille de Radouane Lakdim, le terroriste. Le délibéré sera rendu le vendredi 23 février.