Le procès, qui devrait avoir lieu en 2025, fait suite à la mise en examen de Denis Dupays pour viol sur mineur sur une autre victime. C’est surtout pour pouvoir témoigner que Gildas Bernard avait déposé plainte pour agressions sexuelles, en 2023, près de 40 ans après les faits, contre son ancien chef de chœur à Nantes.
Ça n’enlèvera pas les souffrances vécues lorsqu’il était ado. Gildas Bernard, la cinquantaine aujourd’hui, a subi des attouchements, à deux reprises, en 1985, par son ancien chef de chœur de l’opéra de Nantes, Denis Dupays (1). Il n’y aura jamais de procès pour le Nantais.
En revanche, après plus de dix ans d’instruction, il y en aura bien un pour Cédric, ex-chanteur de Neuilly-sur-Seine, une autre victime présumée de Denis Dupays actuellement mis en examen pour viol et agression sexuelle sur mineur. Une ordonnance de renvoi devant la cour criminelle de Nancy, où habite le septuagénaire, a été prononcée début juillet. Denis Dupays n’a pas fait appel.
Dans ce cadre, la plainte déposée par Gildas Bernard en 2023, même si les faits dénoncés remontent aux années 1980 et qu’il y a par conséquent prescription, a été versée à ce dossier. Une pièce importante pour comprendre la personnalité de l’accusé. « Je l’ai fait, même 38 ans après, pour Cédric. Et tenter d’éclairer les jurés, lors du jugement, sur des comportements déviant de longue date de Denis Dupays. »
« Comportements déviants de longue date »
Gildas Bernard sera amené à témoigner. La perspective d’une confrontation rend le Nantais « à la fois impatient et inquiet pour Cédric ». Et remue à nouveau les souvenirs du quinquagénaire qui a, depuis, trouvé soutien et énergie au sein de #MeTooMedia. « Ces faits ne doivent plus ni être occultés, ni se reproduire. Par ailleurs, une vraie réflexion doit être menée concernant la prescription sur ce type d’agissements. »
De son côté Pauline Ragot, l’avocate de Cédric qui avait 14 ans au moment des faits, s’est félicitée de la tenue de ce procès devant la Cour criminelle de Meurthe-et-Moselle, « une première victoire » dans un « long combat judiciaire. Cette audience est également très attendue par nombre d’anciens élèves ayant dénoncé des abus de la part de l’ancien directeur de maîtrise de Radio France ». La professionnelle du droit espère que le procès provoquera un sursaut dans les milieux de la chorale et de la manécanterie (2) : « Il faut que la parole de ces enfants – parfois adultes aujourd’hui – puisse continuer à se libérer pour dénoncer sans relâche ces comportements abjects ».
Début juillet, cinq femmes portaient plainte contre Gaël Darchen, directeur de la Maîtrise des Hauts-de-Seine pour des faits de harcèlement moral et sexuel.
Le procès pourrait avoir lieu en 2025. Denis Dupays encourt vingt ans de réclusion criminelle.
(1) Denis Dupays avait tenté d’acheter son silence en lui donnant un billet de 500 francs (75 € environ). Suite aux déclarations de Gildas Bernard qui avait moins de 15 ans et à sa famille, le célèbre musicien avait finalement été « licencié pour faute grave » en 1985. L’ordonnance de renvoi mentionne que les faits dénoncés n’avaient pas été contestés par Denis Dupays.
(2) École de chant choral (principalement sacré) pour les jeunes garçons.
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