Dora Moutot et Marguerite Stern. Photos personnelles
INFO LE FIGARO – Les deux féministes font l’objet d’une vague de haine depuis la publication de leur livre Transmania, une enquête sur « les dérives de l’idéologie transgenre ». Elles portent plainte contre Nina Séron-Abouelfadil, mais aussi contre X pour des propos scandés en manifestations.
« Un regain de haine et de violence ». Les féministes Dora Moutot et Marguerite Stern ont décidé de porter plainte seulement un mois après la publication de leur ouvrage Transmania (éditions Magnus), une enquête sur « les dérives de l’idéologie transgenre ».
En cause : « Une accumulation de menaces de mort qu’elles ne veulent plus subir », explique au Figaro leur avocat, Louis Cailliez. Pour les deux auteures, un « cap » a en effet été franchi depuis le 11 avril dernier, jour de la parution de l’ouvrage. « Aujourd’hui, elles ont peur durant leurs déplacements, leurs conférences sont perturbées et elles ne comptent plus les appels au meurtre, détaille Me Louis Cailliez. La coupe est pleine ».
Les deux auteurs ont donc décidé de porter plainte, dans un premier temps, contre Nina Séron-Abouelfadil, collaboratrice parlementaire de la députée insoumise Mathilde Panot et conseillère municipale de Vitry-sur-Seine. Après diverses manifestations «contre la transphobie» les 4 et 5 mai derniers durant lesquelles des phrases telles que « Dora Moutot au fond du Rhin! » ou « les transphobes au feu et Stern au milieu ! » ont été scandées, la militante qui se décrit sur X comme « écosocialiste et queer » a republié une image du cortège parisien dans un post en reprenant la phrase « TERFs au bûcher ! ». L’acronyme « TERF », pour « transexclusionary radical feminist » (féministe radicale excluant les personnes trans) est employé par une partie des militantes, de manière péjorative, pour désigner les féministes se référant au sexe biologique plutôt qu’au genre. Le tweet, publié le 5 mai, a depuis été supprimé. Il comptabilisait à l’époque plusieurs dizaines de milliers de vues. Dora Moutot avait alors accusé Nina Séron-Abouelfadil d’appeler « au meurtre d’autres femmes ». La collaboratrice de Mathilde Panot s’était toutefois défendue, en publiant à nouveau sur X : « Il faut se calmer, je n’ai jamais appelé au meurtre, je blaguais comme le montre la juxtaposition avec un emoji « peace ». Par contre ce qui est pas drôle c le harcèlement de ces militantes transphobes. Harcelement qui tombe sous le coup de la loi, comme leurs propos transphobes ».
« Une TERF une balle »
Dora Moutot et Marguerite Stern ont également décidé de porter plainte contre X pour divers propos menaçants tenus par des manifestants : « Le 6 mai, des transactivistes ont scandé “une TERF une balle, justice sociale !” devant l’Université Paris-Panthéon-Assas où se tenait une conférence des deux auteurs au sujet de leur ouvrage », détaille encore Me Louis Cailliez, qui assure avoir en sa possession de nombreux « éléments à apporter au parquet, telles que des images ou des vidéos ».
En France, « elles sont les deux uniques figures du mouvement féministe qualifié de “terfs” donc elles focalisent toute la haine du mouvement transactiviste », ajoute l’avocat. Qui, pour l’heure, déclare vouloir se concentrer exclusivement sur les « faits publics ». Il y a « trop de faits en privé », poursuit-il. Interrogés par Le Figaro en avril dernier, les deux militants affirmaient en effet recevoir quotidiennement des messages de haine et des menaces sur leurs réseaux sociaux. Depuis la publication de leur ouvrage, les deux jeunes femmes font l’objet de diverses polémiques sur les réseaux sociaux et jusque dans les rues parisiennes. Le 17 avril dernier, la Mairie de Paris avait demandé le retrait pur et simple des affiches de publicité en expliquant, par la voix de son premier adjoint Emmanuel Grégoire : « La transphobie est un délit. La haine de l’autre n’a pas sa place dans notre ville. Paris n’est pas la vitrine de cette haine crasse ». Sur X et Instagram, des dizaines d’anonymes s’étaient par ailleurs filmés en train de retirer l’ouvrage Transmania des étals des librairies.
L’avocat et les deux plaignantes se disent donc « déterminés » à ne plus rien laisser passer. « Tout acte de violence, intimidation, cyberharcèlement, injure, diffamation, menace de mort, incitation à la haine ou provocation à commettre une infraction à leur encontre fera désormais l’objet d’un dépôt de plainte », ont-ils prévenu dans un communiqué de presse que Le Figaro a consulté. « On va porter plainte petit à petit, en remontant les semaines et les mots, selon la gravité des faits, et tant qu’il n’y a pas prescription », promet par ailleurs Me Louis Cailliez. Et de prévenir : « On est dans les temps mais ce qui va désormais importer, c’est la diligence avec laquelle le parquet va traiter nos différentes plaintes ».