
En 2018, après trois jours de manifestations houleuses autour de plusieurs lycées de Mantes-la-Jolie, la police avait interpellé 151 jeunes, avant de les filmer mains sur la tête, certains menottés dans le dos, tous agenouillés.
Dans une vidéo devenue virale, un policier les avait qualifiés de «classe qui se tient sage». Un non-lieu a été ordonné dans l’enquête sur les conditions d’interpellation de quelque 150 lycéens à Mantes-la-Jolie (Yvelines) fin 2018, a appris l’AFP lundi 7 avril 2025 de source proche du dossier.
Les trois policiers, témoins assistés dans ce dossier, faisaient face lors de ces interpellations, dans un contexte de manifestations houleuses contre certaines réformes, à des «circonstances exceptionnelles» du fait du nombre de personnes interpellées et du «déficit de matériel et de policiers», a estimé le juge dans l’ordonnance de non-lieu que l’AFP a consultée. «Dans de telles circonstances, le maintien des personnes interpellées, à genoux puis assis, dans l’attente du transport (…) poursuivait un but légitime (…) et était nécessaire et proportionné», poursuit ce document.
«Cas d’école de dénaturation médiatique»
«Mes clients sont évidemment soulagés que justice leur soit rendue, plus de 6 ans après les faits», a réagi pour l’AFP Me Louis Cailliez, avocat des policiers, dénonçant un «cas d’école de dénaturation médiatique».
«Quand on ne fait pas les actes d’enquête nécessaires à la manifestation de la vérité, on aboutit évidemment à un non-lieu», a réagi pour sa part Me Arié Alimi, qui défend les lycéens et précise qu’ils feront appel. «(Les juges) ont un mépris absolu pour les victimes probablement parce qu’elles sont issues des quartiers populaires», a-t-il fustigé.
Le 6 décembre 2018, après trois jours de manifestations houleuses contre la réforme du baccalauréat et de Parcoursup autour de plusieurs lycées de Mantes-la-Jolie, la police interpelle 151 jeunes, âgés de 12 à 21 ans. Un policier filme alors ces jeunes mains sur la tête, certains menottés dans le dos, tous agenouillés. «Voilà une classe qui se tient sage», l’entend-on commenter dans cette vidéo d’une trentaine de secondes qui, devenue virale, suscitera l’émoi. Placés en garde à vue, ils écopent pour la plupart de simples rappels à la loi.
Des «symptômes post-traumatiques»
Dans son ordonnance, le juge d’instruction indique que quatre des plaignants présentent un «retentissement (psychologique) modéré». L’un d’entre eux, note-t-il, a dû lutter contre des «symptômes post-traumatiques » dont des «cauchemars, angoisses, troubles du sommeil». L’inspection générale de la police nationale (IPGN) avait été saisie en février 2019 d’une première enquête, classée sans suite en juillet de la même année.
Un premier lycéen puis six autres avaient porté plainte avec constitution de partie civile, provoquant l’ouverture d’une information judiciaire pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle et violence par dépositaire de l’autorité publique. Les investigations étaient également menées contre X pour torture ou acte de barbarie par une personne dépositaire de l’autorité publique.