Photo : Freepic
Jeudi, les défenseurs des victimes du vol Rio-Paris, qui s’est abîmé en mer le 1er juin 2009, ont débuté leurs plaidoiries.
Le procès du crash du Rio-Paris, dans lequel 228 personnes sont mortes, est entré dans sa dernière ligne droite jeudi à Paris avec le début des plaidoiries des avocats des parties civiles, qui doivent durer jusqu’à mardi soir. L’avocat de l’association des victimes allemandes HIOP a plaidé le premier, argumentant longuement sur la culpabilité d’Airbus et d’Air France, jugées depuis le 10 octobre pour homicides involontaires.
Les deux entreprises se défendent de toute «faute» ayant conduit à l’accident. L’avocat des familles des victimes, Me Thibault de Montbrial, a fait valoir que le 1er juin 2009, les pilotes avaient été confrontés à des «défauts structurels» qui les ont empêchés de réagir comme il fallait à la panne des sondes Pitot, mesurant la vitesse de l’avion, et à ses conséquences.
«Accumulation d’incidents»
Du côté du constructeur de l’A330, il a souligné l’absence à l’époque de procédure de récupération du décrochage mais surtout «l’inertie» d’Airbus face à «l’accumulation d’incidents» touchant les sondes. Il a rappelé qu’il y avait eu 7 pannes portées à la connaissance d’Airbus entre fin 2003 et 2007, puis 13 dans les douze mois précédant le crash. Soit «un doublement» en «quatre fois moins de temps».
Air France a de son côté eu une «réaction trop lente et insuffisante», a affirmé Me de Montbrial, critiquant sa communication interne à destination de ses pilotes. «Une association de victimes, c’est la réunion de gens totalement étrangers les uns aux autres (qui) se retrouvent d’un coup unis à jamais par le drame», a-t-il déclaré.
«Mes clients et moi n’avons pas confiance en la justice»
L’association «ne veut pas de coupable à tout prix», a assuré l’avocat, mais «les deux mois d’audience nous conduisent avec certitude à plaider devant vous qu’il n’y a pas d’«act of God» (ndlr, de fatalité), mais qu’il y a des fautes». «Après ces onze ans de procédures, mes clients et moi n’avons pas forcément confiance en la justice française, mais après ces deux mois d’audience, nous avons complètement confiance en vous trois», a-t-il lancé aux juges.
Le 1er juin 2009, les trois sondes Pitot, qui permettent de calculer la vitesse de l’avion, ont givré. Cette panne a entraîné la déconnexion du pilote automatique, le basculement dans un mode de pilotage dégradé et de nombreuses alarmes. Déstabilisés, les deux copilotes, bientôt rejoints par le commandant de bord, ont perdu le contrôle de l’appareil, qui a heurté l’Atlantique moins de cinq minutes plus tard.