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Le parquet national antiterroriste a requis mercredi le renvoi devant les assises de Mohamed Lamine Aberouz, qui clame son innocence, pour « complicité » d’assassinat. Son ADN a été retrouvé sur le repose-poignet de l’ordinateur utilisé pour la revendication.
L’assassinat d’un couple de policiers à leur domicile de Magnanville (Yvelines) en juin 2016 avait traumatisé les forces de l’ordre : le parquet national antiterroriste (PNAT) a requis mercredi le renvoi devant les assises de Mohamed Lamine Aberouz, qui clame son innocence, pour « complicité » d’assassinat.
Le PNAT a en revanche requis un non-lieu pour deux autres hommes mis en examen, Charaf Din Aberouz et Saad Rajrari, qui étaient soupçonnés d’avoir apporté un soutien logistique à l’assaillant, selon les informations d’une source proche du dossier, confirmées par le ministère public.
Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint au commissariat des Mureaux (Yvelines), et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agente administrative dans un commissariat voisin, avaient été assassinés à coups de couteau le 13 juin 2016 à leur domicile, en présence de leur fils âgé alors de 3 ans.
L’assassin, Larossi Abballa, avait revendiqué l’attaque au nom du groupe Etat islamique (EI) avant d’être abattu par la police.
Après un an et demi d’enquête, Mohamed Lamine Aberouz, 28 ans, avait été interpellé aux Mureaux (Yvelines) puis mis en examen le 11 décembre 2017 pour « complicité d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste ». Il était depuis en détention provisoire.
Mercredi, le PNAT a requis son renvoi pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », « complicité d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste » et « complicité de séquestration sur mineurs de 15 ans en relation avec une entreprise terroriste ».
Mohamed Aberouz aurait été sur les lieux au moment des faits
L’accusation est convaincue qu’il était présent au domicile du couple au moment des faits : son ADN a été retrouvé sur le repose-poignet de l’ordinateur utilisé pour la revendication. Dans « la confusion ambiante », il a « pu prendre la fuite sans se faire remarquer », avance le parquet antiterroriste. Selon l’accusation, Mohamed Aberouz connaissait le projet de Larossi Abballa, un ami qu’il avait vu plusieurs fois début juin 2016, et aurait eu un ascendant idéologique sur lui.
Tous deux ont par ailleurs eu successivement la même promise : Sarah Hervouët, condamnée à vingt ans de réclusion pour une tentative d’attentat aux bonbonnes de gaz en 2016 à Paris. Mohamed Aberouz a été condamné en appel dans ce dossier en juin 2021 à cinq ans d’emprisonnement pour non-dénonciation de crime terroriste. Il conteste toute implication dans l’assassinat du couple de policiers, assurant avoir quitté son logement le 13 juin 2016 pour aller à la mosquée.
« Cette mise en accusation est parfaitement injustifiée tant d’un point de vue juridique que factuel au vu de l’absence de toute participation de M. Aberouz à l’attentat. Il est totalement étranger à ces faits dramatiques », a réagi son avocat Vincent Brengarth.
Son frère Charaf Din Aberouz était à la mosquée
Charaf Din Aberouz, 35 ans, frère aîné de Mohamed, et Saad Rajraji, 32 ans, condamnés en 2013 aux côtés de Larossi Abballa dans une filière afghano-pakistanaise de recrutement au djihad, étaient quant à eux soupçonnés d’avoir apporté un soutien logistique à l’assaillant. L’accusation a finalement demandé un non-lieu les concernant.
Pour Saad Rajraji, elle exclut « l’existence de contacts récents » avec Larossi Abballa et « a fortiori son implication dans son projet criminel ». Pour Charaf Din Aberouz, la vidéosurveillance de la mosquée de Mantes-la-Jolie le met hors de cause, selon le parquet : on le voit sortir du lieu de prière vers 23h40. La décision finale quant à un renvoi en procès de Mohamed Lamine Aberouz revient désormais au juge d’instruction.
« Après ces années d’instruction, il demeure la frustration et l’inquiétude de ne toujours pas savoir pourquoi le commandant Salvaing a été ciblé et comment les islamistes ont eu accès à son adresse personnelle », a commenté pour l’AFP Me Thibault de Montbrial, l’avocat de la famille de Jessica Schneider.
« Cette inquiétude née du ciblage personnel de l’un des leurs résonne d’ailleurs toujours au sein des forces de l’ordre en général, à un moment où les menaces contre elles se multiplient », a-t-il ajouté.