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Un jeune policier en civil âgé de 26 ans avait été roué de coups et étranglé dans la ligne H du Transilien en novembre 2021. L’intervention d’un passager lui avait sauvé la vie.
Trois hommes ont été reconnus coupables de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique par la cour d’assises des mineurs du Val-d’Oise ce samedi 25 janvier. La cour les a condamnés à des peines de prison allant de 8 à 12 ans pour l’agression ultraviolente d’un policier en civil.
Un mineur âgé de 16 ans au moment des faits, auteur des coups les plus violents et d’un étranglement sur le policier, a été condamné à 12 ans de prison, contre 16 requis. Deux autres accusés, majeurs lors de l’agression, ont été condamnés à 8 et 10 ans de prison, alors que respectivement 10 et 12 ans avaient été requis. La justice a estimé que les trois accusés connaissaient la profession de la victime, ce qu’ils contestaient.
Un quatrième accusé, qui était jugé pour non-assistance à personne en danger, a été acquitté. L’audience, qui se déroulait à huis clos depuis lundi, se tenait devant cette juridiction en raison de la minorité d’un des agresseurs au moment des faits. Le verdict a été rendu vers 1h du matin.
« C’est l’amertume qui prédomine chez mon client après des années de haute lutte judiciaire. D’une part, la satisfaction de l’exacte qualification pénale en dépit des tentatives des accusés de duper la cour sur le fait qu’ils avaient voulu le tuer, et sur le fait qu’ils savaient bien que leur victime était un policier. D’autre part, la colère de voir un tel crime puni d’une telle peine. Mon client est révolté », réagit auprès du FigaroMe Louis Cailliez, l’avocat du policier.
Roué de coups et étranglé
Le 2 novembre 2021, Alexis*, jeune policier de 26 ans affecté à la brigade des réseaux franciliens (BRF), rentrait chez lui en civil après sa journée de travail. Peu avant 22h30, le fonctionnaire était monté dans un train de la ligne H à la gare du Nord, à Paris, en compagnie d’un collègue. Après la descente de ce dernier à la station «Ermont-Halte», dans le Val-d’Oise, la situation avait dégénéré.
Quatre individus, qui venaient d’agresser physiquement un premier passager, s’étaient approchés d’Alexis pour lui demander une cigarette. Selon les déclarations du policier, des menaces avaient été proférées : «On sait que tu es flic ! On va te défoncer, on va te crever ! On sait où tu habites dans le 95 !».
Le policier avait reçu une vingtaine de coups de poing et de pied, notamment au visage, de la part de deux d’entre eux. La scène, d’une violence inouïe, avait duré six longues minutes. Un des agresseurs avait ensuite étranglé le fonctionnaire, en passant son bras droit autour de son cou, pendant plus d’une minute. L’intervention d’un passager tchétchène de nationalité russe avait mis fin au calvaire du policier, dont des râles d’agonie commençaient à se faire entendre. La victime avait eu un traumatisme crânien, une fracture du nez et de multiples contusions.
La profession de la victime au cœur des débats
Quatre individus avaient été interpellés le soir même dans le Val-d’Oise. Juste après le passage à tabac d’Alexis, ils avaient agressé une femme et tenté de cambrioler un logement. Parmi eux, trois individus nés en Guadeloupe, Lorenz M., Wesley B. et Meddy M., respectivement âgés de 19, 23 et 25 ans, et Ethan**, un mineur de 16 ans né au Portugal. Ce dernier, de loin le plus violent lors de l’agression du policier, était déjà connu de la justice pour violences dans un établissement scolaire ainsi que rébellion et outrage envers une personne dépositaire de l’autorité publique.
Le quatuor s’était rencontré le jour des faits à Persan, dans le Val-d’Oise puis s’était rendu à Paris. Une fois dans la capitale, ils avaient consommé de l’alcool, sept à huit bouteilles de whisky et de rhum, avant de reprendre le dernier train en direction de Persan-Beaumont. Deux membres du groupe auraient alors eu l’idée de «racketter des gens dans le train».
«Sale flic de merde»
Les accusés savaient-ils qu’Alexis était policier ? La cour a estimé que c’était le cas. Cette question était l’un des enjeux du dossier. S’en prendre à une personne dépositaire de l’autorité publique constitue en effet une circonstance aggravante qui alourdit la peine encourue.
Depuis novembre 2021, le policier a expliqué avec constance que le terme «sale flic de merde» avait été répété tout au long de son agression. À l’inverse, les déclarations des accusés ont été fluctuantes. Un membre du groupe avait initialement expliqué que le principal agresseur, Ethan, avait redoublé de violence quand Alexis, pensant calmer ses ardeurs, avait sorti sa carte de policier. Lors de la confrontation, en avril 2023, les suspects assuraient désormais qu’ils ignoraient sa profession et s’en étaient pris à lui par hasard.
Plus de trois ans après les faits, le policier reste très marqué psychologiquement. Le fonctionnaire a quitté Paris avec sa compagne pour poursuivre son métier en province.
*Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de la victime.
**La loi interdit aux journalistes de donner le prénom d’un accusé mineur au moment des faits.